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L’amiral a déclaré, dans l’Enquête sur le 18 mars, que :

M. Thiers était bien résolu à ne donner son adhésion à aucun des points sur lesquels les maires et lui-même déclaraient céder pour arriver à une conciliation, lors des pourparlers à la mairie du Ile.

Il savait donc que les négociations n’étaient, comme on dit, que pour la frime.

Cette déposition dans l’Enquête est fort curieuse. C’est un mélange d’absurdités, d’inventions extravagantes et d’imputations calomnieuses. Nous y reviendrons à l’occasion du récit de la mort de Dombrowski et des tentatives de corruption dont ce brave fut l’objet de la part de l’agent versaillais Veysset. On y trouve à côté d’aveux naïfs et d’accès d’infatuation ridicule, des affirmations énormes, toujours dénuées de circonstances probantes et provenant de racontars d’espions et de témoignages d’hommes suspects. En voici quelques échantillons : « Il (un nommé Engar) me déclara que M. de Bismarck avait distribué plus de trente-quatre millions pour l’affaire de la colonne. » C’était estimer cher, par le pratique chancelier, la disparition d’un trophée, toujours glorieux sans doute pour la majorité des Français, mais dont le prestige devait être amoindri aux yeux des soldats allemands par les triomphes plus proches de Sedan, Strasbourg, Metz et Paris. Dombrowski était, pour le bon amiral, « le chef de l’Internationale russe ». Avec candeur il a déclaré : « Pour moi, Crémer et Rossel sont deux agents bonapartistes. Arronsohn aussi, Dombrowski, Cluseret et tous les autres ( ?) sont des agents bonapartistes. Pour Dombrowski, j’en suis sûr, parce que mon premier aide-de-camp me l’a dit… » Pourquoi pas aussi son petit doigt ? C’est enfantin. (Enquête Parlementaire sur le 18 mars, t. II, pp. 315 et suiv.)