Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/161

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Ce fantoche, qui se montra aussi dépourvu d’intelligence que de bravoure, lorsque l’énergie du Comité Central brisa l’essai de guerre civile qu’il tentait dans le centre de Paris, pendant les pourparlers avec les maires, devait connaître son tour les imputations médisantes. Le général Cluseret a dit de lui, dans ses Mémoires, qu’il avait, à la préfecture de police, son dossier, dans un carton rouge contenant les pièces relatives aux mœurs des personnages importants, classés parmi les invertis. « M. l’amiral Saisset, dit-il, étant capitaine de frégate, fut mis en non activité pour avoir germinysé un mousse. Le dossier contenait en outre la série des observations continues depuis par la police. » (Mémoire du général Cluseret, t. I, p. 17, et note. Jules Lévy, édit., Paris, 1887.)

Le commandement de la garde nationale de l’ordre lui fut confié par M. Thiers, parce que, dans la pensée du fourbe, cette fonction n’avait rien de sérieux, et que cette nomination ne pouvait aboutir à d’autre résultat que de lui faire gagner du temps en faisant croire à une prolongation de la résistance dans Paris. Le vaniteux Saisset a trouvé une autre explication, plus flatteuse pour son amour propre :

Vous avez su, a-t-il dit avec fatuité à la commission d’Enquête, qu’il y avait eu en ma faveur une espèce d’ovation sur le boulevard, près de l’Opéra, ovation à la suite de laquelle M. Thiers m’appela pour me demander de tenter un effort à la tête des gens de l’ordre de la garde nationale de Paris : il me nomma commandant supérieur des gardes nationales de la Seine le 20 mars 1871.

L’amiral ne s’est pas contenté de calomnier ses adversaires, il a fait, en cette circonstance, de M. Thiers un nigaud. Comme si le malin politique eût attribué de l’importance à une acclamation hasardeuse de quelques gardes nationaux,