Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/162

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rencontrant leur ancien général du plateau d’Avron, au cours d’une promenade de curieux, sur les boulevards. M. Thiers cherchait à donner un chef assez connu aux groupements réactionnaires du Grand-Hôtel et de la mairie de la Banque afin de les maintenir en haleine et en armes, encore quelques jours. C’était un répit qui était nécessaire à ses desseins. Saisset se trouvait là : il le prit, sans du reste lui donner une mission précise, sans croire une seconde à l’utilité de son intervention. Saisset lui-même fut obligé de reconnaître qu’on l’avait nommé à un poste aussi important, et dans un moment si critique, sans lui dire ce qu’il aurait à faire.

Au moment de mon départ, a-t-il dit, je n’avais pas d’instructions écrites. Les instructions verbales de M. Thiers étaient : « Je ne vous donne pas l’ordre d’aller à Paris, je suis heureux de votre détermination. Je vous recommande de faire tout ce qu’il faudra pour arriver à l’élargissement du général Chanzy. Faites ce que vous pourrez au moyen de votre popularité, popularité plus ou moins passagère, pour tâcher de conjurer les horreurs de la guerre civile. Je n’ai pas d’instructions à vous donner : les maires de Paris ont mes pleins pouvoirs…

(Enquête parlementaire. — Déjà citée.)

Cette mission donnée en termes aussi évasifs n’était qu’une ruse de guerre. On ne tarda point à s’apercevoir de la nullité de Saisset.

L’amiral, à Paris, n’exagéra point son rôle. Toute son action militaire se borna à donner quelques instructions, sans se préoccuper de savoir si elles seraient suivies. Il se fit voir le moins possible. La réunion des maires et des députés ne put ni l’entendre, ni même l’appeler à ses séances. Le jour où il y eut quelque danger, lors de la manifestation de la rue de la Paix, il avait eu le soin de se souvenir que son mandat de député l’appelait à Versailles. Avec