Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/163

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empressement, dès qu’il le put sans trop de honte, il licencia les hommes qui étaient venus, avec une ardeur combative, se mettre à sa disposition. Il décampa, avec prestesse st dans des conditions piteuses, comme on le verra plus loin, avant même que l’accord des maires et du Comité Central fût certain. Il a bien servi M. Thiers.

L’ASSEMBLÉE À VERSAILLES

À deux heures, le lundi 20 mars, l’assemblée tint sa première séance à Versailles. Ce n’était plus le magnifique vaisseau du grand théâtre de Bordeaux qui recevait les représentants de la France, mais c’était encore une salle de spectacle : sur la scène on avait dressé une tribune. Là avaient été représentés les opéras de Lulli, les ballets allégoriques et mythologiques où le grand roi emperruqué avait daigné danser. Les plus graves délibérations et les plus scélérates résolutions allaient être proposées et approuvées sur ce théâtre des anciens menus plaisirs du roi et de sa noblesse. Le local était coquet, riche, éveillait des idées de gala. Le bureau se trouvait placé sur la scène, un peu en retrait. Le décor d’un portique l’encadrait. La tribune couvrait le trou du souffleur. Des tables et des sièges, sur les côtés, étaient disposés pour les secrétaires-rédacteurs. Des passages avaient été pratiqués dans le parterre pour les allées et venues des députés et des garçons de service. Une allée centrale conduisait à la tribune. Comme les places faisaient défaut dans le parterre, les avant-scènes, les loges, le pourtour du rez-de-chaussée avaient été réservés aux députés. Les loges du premier étage, les galeries, étaient ouvertes au corps diplomatique, à la presse, aux personnes munies de billets. Menant du péristyle à la cour du Maroc, la froide et imposante galerie des tombeaux, garnie des