Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/168

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Au moment où l’Assemblée prenait séance à Versailles, le 20 mars, on avait oublié, à gauche, qu’au 4 septembre le républicain Grévy avait essayé de maintenir le corps législatif impérial ; à droite, on était certain qu’il ne pactiserait ni avec Paris révolté, ni avec les députés suspects de l’extrême gauche. Il ne devait pas démentir les espérances que la réaction mettait dans son « impartialité ».

LA RÉPUBLIQUE ET LES DROITIERS

Le premier discours de M. Grévy à Versailles, en ouvrant la séance, fut un réquisitoire contre Paris :

Il semblait, dit-il, exagérant sa solennité coutumière, dès que le procès verbal de la séance dernière à Bordeaux fut adopté, que les malheurs de la patrie fussent arrivés à leur comble, mais une criminelle insurrection, sans un prétexte plausible qui puisse l’atténuer, vient encore les aggraver. Un gouvernement factieux se dresse en face de la représentation nationale, seul pouvoir existant. La force restera au droit. La représentation nationale saura se faire respecter, elle saura accomplir sa mission, panser les plaies de la patrie, et assurer à la République…

Ici le président fut interrompu par des murmures s’élevant des rangs des ruraux. Prononcer le nom de la République leur semblait un outrage, et parler d’assurer l’existence de cette République, un défi, presque le langage d’un factieux.

Jules Grévy donna un coup de sonnette et put achever sa phrase :

… elle saura assurer la République contre ceux qui pourraient la compromettre et contre ceux qui commettent des crimes en son nom.