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L’URGENCE SUR LA LOI MUNICIPALE

M. Clemenceau monta ensuite à la tribune pour déposer le projet de loi, dont il avait été question dans la réunion des maires et des députés, visant la convocation des électeurs, dans le plus bref délai, pour la nomination du conseil municipal de Paris. Il demanda l’urgence que M. Picard, ministre de l’intérieur, combattit. M. Tirard intervint et dit :

Croyez-le, si nous vous demandons l’urgence pour ce projet, c’est que nous en sentons l’absolue nécessité.

Comme un membre interrompait ses explications pour lui crier sottement : « Et les assassins du général Clément Thomas ? » M. Tirard releva avec indignation l’assimilation que voulait suggérer le droitier. « Nous sommes tout disposés à donner notre vie pour la patrie, s’écria-t-il, mais, tenez, je suis humilié d’avoir à me défendre ! » Il termina en disant :

On s’est étonné que la garde nationale ne se soit pas levée à l’appel du gouvernement, c’est un peu à cause du vote de la loi sur les échéances. En outre, Paris n’a pas d’administration municipale. Je vous garantis que du jour où nous aurons fait placarder un appel aux honnêtes parisiens pour les inviter à se donner des mandataires, la guerre Civile sera finie.

Le ministre de l’intérieur, se ravisant, dit qu’après avoir entendu ces explications, il croyait que la Chambre ne devait pas repousser la proposition d’urgence. En même temps il protesta contre une expression de M. Clemenceau, ayant dit que « le gouvernement avait abandonné son poste ». C’était la vérité, mais toute vérité qui choque peut être qualifiée calomnie. Il fut entendu que le dix-huit mars, le gouvernement n’avait cédé qu’à la force, ce qui est un men-