Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Lorgeril, grotesque énergumène, se précipita vers la tribune en criant : « À bas les rouges ! » Un pseudo-républicain, Bethmont, dit hypocritement : « On ne peut modifier une œuvre adoptée dans son ensemble. » Un formaliste dit : « L’épreuve est commencée, et l’on ne parle pas pendant un scrutin ! » Un droitier ajouta ; « Vous ne pouvez pas engager les électeurs ! » Un voisin appuya : « Il faut attendre que la France se soit prononcée ! » Enfin un de ces forcenés lança cette apostrophe : « Pas de Commune ! » Il voulait ainsi, dans une intention qui n’était certes pas conciliatrice, donner au cri de : vive la République ! la signification de : vive la Commune ! Il exprimait dans sa haine une idée juste, car la Commune, c’était bien la République. Mais ce n’était ni le lieu ni l’heure pour formuler cette équivalence, qui n’était d’ailleurs ni dans la pensée du droitier, ni dans celle de M. Peyrat, pas plus, que dans l’esprit de l’Assemblée. C’était donc une pure provocation au désordre, un appel à l’antagonisme des partis et un défi porté à Paris.

Au milieu du tumulte qu’avait soulevé la motion de Peyrat, M. Thiers voulut prendre la parole. Des rumeurs l’accueillirent à son tour. Le président Grévy, surpris, sonna et dit sèchement : Le président du Conseil demande la parole ! On lui cria insolemment de la droite : « Sur quoi ? »

M. Thiers voulait peut-être s’expliquer sur l’insertion du nom de la République dans la proclamation, mais en présence de la fureur que ce seul mot soulevait, il esquiva la difficulté, et donna une leçon de modération à cette assemblée exaspérée. Voici ce démonstratif incident, d’après l’Officiel (de Versailles) :

Apparemment, dit M. Thiers, quand sur l’observation du pré-