Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/175

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sident Grévy : « Le président du conseil a toujours le droit de parler », le calme se fut un peu rétabli, vous devez supposer que si je demande la parole, c’est que je crois que ce que j’ai à vous dire mérite d’être entendu. Je n’accepterais pas le pouvoir sans cela. La proclamation est acceptée, on ne doit pas la modifier, même par une addition qui serait très légitime. (Bruit à droite.)

Je dis, non pas qui est légitime, mais qui pourrait être très légitime. Je vous prie, messieurs, de songer à la gravité de la situation ; on ne peut la dominer que par le calme et le respect de toutes les opinions. Si nous sommes unis, nous serons la France entière contre le parti du brigandage.

Il ne faut pas que l’Assemblée se laisse dominer par l’esprit de parti. Je connais la situation, et si je vous arrête je sais pour-quoi. La France croit à nous, mais il ne faut pas qu’une partie de l’Assemblée ne puisse pas parler. Vous diminuez le résultat du vote en refusant la parole aux opinions dissidentes. (Rumeurs)

À droite : On ne l’a pas refusée.

M. Thiers. — On ne l’a pas refusée, tant mieux ; maintenant, laissez-la moi. Sachez que je vous rends un plus grand service que vous ne pensez. Il faut savoir tenir compte du sentiment d’autrui. Moi, qui n’ai d’autre force que celle que vous m’avez donnée, qui vous ai réunis ici, je vous ai entourés d’une armée fidèle et en lieu sûr, de façon à ce que la France soit derrière vous. Je ne partage en rien les opinions de M. Millière, — il le sait, vous le savez, — et néanmoins je crois que vous devez lui accorder la parole. (Aux voix ! Murmures violents à droite.)

Je vous prie de m’écouter. Comment, vous refusez d’entendre quelqu’un ici, et vous ne savez pas ce qu’il veut vous dire ? (Oui ! Interruptions.}) Soyez sûrs que dans le pays vous n’ajoutez pas à votre autorité en interrompant le chef du pouvoir exécutif. (Bravos à gauche.)

Je ne recherche les applaudissements de personne, je voudrais votre approbation, messieurs (à la droite). Sachez-le ; si vous voulez me remercier, je ne demande pas mieux. (Non ! non ! ) Écoutez-donc M. Millière. J’espère qu’il sera digne par ses paroles de la liberté que vous lui laissez.

M. Le Président. — Je descendrai du fauteuil le jour où je ne pourrais pas maintenir la parole d’un orateur. M. Millière n’a pas eu la parole, parce qu’il l’a demandée entre deux épreuves. Il n’y a rien en discussion. Je ne consentirai à lui donner la