Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/176

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parole que sur un fait précis et conformément au règlement. Il peut maintenant répondre à un membre du gouvernement.

M. Grévy usait d’un artifice parlementaire en donnant la parole à M. Millière, non pas pour exprimer sa pensée sur la proclamation qui venait d’être lue, mais pour répondre à un ministre, ce quiest de droit dans toutes les assemblées. M. Millière remercia M. Thiers des efforts qu’il avait faits pour obtenir qu’on lui donnât la parole. Il dit qu’il avait eu soin de se faire inscrire au secrétariat, pour discuter les conclusions de la proclamation. Il voulait faire appel à la concorde. Il n’ajouterait qu’un mot, puisque le vote était acquis. Il y avait à ses yeux, dans cette proclamation, des expressions malheureuses, qu’il aurait voulu voir disparaître. De nouvelles rumeurs l’interrompirent. M. Vacherot vint déclarer qu’il était satisfait de la proclamation, et qu’il croyait que le moment n’était pas venu de rompre le faisceau de forces que l’Assemblée avait dans la main. Pour ce maire-député, un jour viendrait donc, quand on n’aurait plus peur de Paris, où il conviendrait de rompre ce faisceau et de diviser l’Assemblée. Louis Blanc crut devoir rappeler le mot de M. Thiers : « La république est le gouvernement qui nous divise le moins. » On n’écouta guère Louis Blanc et la citation parut hors de propos.

L’incident fut alors déclaré clos, et M. de Lasteyrie, interrogé sur les mesures que la commission comptait prendre de concert avec le gouvernement, répondit que la commission, dontM. Vitet était le président, se réunirait tous les jours, et transmettrait au chef du pouvoir exécutif les sentiments de l’Assemblée. M. Thiers impatienté, n’aimant guère à entendre discuter son autorité, ni surtout n’entendant pas qu’elle fût partagée, s’écria : « Nommez donc un Comité de Salut Public ! »