Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/179

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Il ajoutait : « Je ne discute pas si, à tort ou à raison, l’insurrection… » quand des murmures s’élevèrent. Il se hâta de s’écrier : « Si j’avais cru l’insurrection juste, je serais à l’Hôtel-de-Ville. » Il conclut en disant : « Accordez-nous d’apporter à Paris la certitude que, dans quelques jours, il pourra faire des élections municipales. »

M. Thiers revint alors à la tribune pour dire qu’il ne pouvait en vingt-quatre heures obtenir un projet de loi aussi grave. Puis il entra dans des explications de sa conduite au dix-huit mars, se plaignant des gardes nationaux, que le général d’Aurelle avait demandés, et qui ne s’étaient pas présentés. Ceci était inexact en partie, car M. Thiers avait combiné son projet d’enlèvement des canons, sans se préoccuper des gardes nationaux supposés favorables. Le général d’Aurelle de Paladines n’a songé à réclamer le concours de bataillons, et n’a fait battre le rappel que dans l’après-midi du 18, quand les régiments étaient en déroute et rappelés vers la rive gauche. Ces bataillons, voyant l’armée retirée, restèrent chez eux, avec prudence, avec raison.

M. Thiers s’efforça de tirer argument de cette abstention de la garde nationale :

Paris ne voulant pas se sauver, nous avons résolu de penser à la France et à vous.

C’est à cause de cette résolution que nous avons sauvé l’armée, que nous vous avons trouvé un lieu de réunion, protégé par une armée fidèle et la France entière (bravos).

Nous savons que Paris a sauvé l’honneur de la France, mais nous ne devons pas sacrifier notre droit.

Paris ne nous a pas aidés à le délivrer des insurgés. Paris nous a donné le droit de préférer la France à lui. Et pourtant

    dres. Un des fondateurs de l’Association Internationale des Travailleurs. Elu par la suite à l’Assemblée nationale le 8 février 1871. Aux élections de la Commune, il n’obtint que 283 voix, il ne s’était pas présenté. Il fut élu aux élections sénatoriales de 1876 par la Seine.