Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/180

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nous viendrons au secours de Paris quand nous le pourrons. (Murmures à gauche.)

Non, je vous mets au défi de faire un projet de loi que ces gens-là acceptent ! Quand l’assassinat n’a pas ouvert les yeux à Paris, le projet de loi ne les lui ouvrira pas.

M. Thiers termina en promettant de faire la loi, qui serait peut-être peu conforme aux idées de l’Assemblée, mais il la ferait sans espoir. Ilne fallait pas se payer d’illusions, la loi faite, il défait qu’on pût la mettre à exécution. « Nous ne voulons pas attaquer Paris, ajouta-t-il, qu’il nous ouvre les bras, nous lui ouvrirons les nôtres. Paris a des droits, nous ne lui refuserons pas de les reconnaître. »

À ce langage conciliant, où l’on aurait pu voir des avances faites aux Parisiens, M. Thiers donnait ce complément énigmatique : « Ce n’est pas par la raison qu’on désarmera ces hommes, mais par l’attitude ferme et calme de cette Assemblée et l’attitude de la France entière. À un moment ils se trouveront isolés, et alors nous voulons que Paris se sauve lui-même. » Cela signifiait il qu’il comptait sur la guerre à l’intérieur de Paris, sur un soulèvement de la moitié de la ville, sur la résistance que devait organiser l’amiral Saisset au Grand-Hôtel et à la Bourse ? Cela ne put jamais être la pensée vraie de M. Thiers. C’était pur verbiage, des paroles en l’air, propres à calmer les impatiences coercitives de l’Assemblée et à prolonger l’incertitude des Parisiens. M. Clemenceau voulut préciser, et répliqua :

« Le chef du pouvoir exécutif vous dit : « Vous ne satisferez point ces hommes avec votre loi, mais je ne tiens pas à les satisfaire. Je veux donner un soutien aux hommes d’ordre qui se trouvent dans Paris. Ils sont en majorité. Sans cela vous serez obligé d’employer la force. »

Ce fut alors que Jules Favre prononça son éloquent mais abominable réquisitoire contre Paris. C’est le discours fa-