Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/18

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vifs. Les hommes, chez le barbier, au comptoir voisin, devant l’étalage des marchands de journaux, se rencontraient, s’abordaient, mais sans témoigner d’inquiétudes ni d’impatience. On attendait sans doute des nouvelles, mais comme personne n’en apportait et que tout était calme, on ne paraissait pas trop anxieux d’en avoir. Cette population nullement effrayée et d’excellente humeur, laissait passer les heures, comme on regarde couler l’eau du haut d’un pont.

Vers midi, des groupes se formèrent devant des affiches apposées avec célérité. Aucune démonstration. Ni enthousiasme ni hostilité : de l’étonnement seulement ; ces affiches étaient blanches. On reconnut une notification de l’autorité. On ne savait pas encore laquelle. On s’approcha pour lire et savoir.

PREMIÈRES PROCLAMATIONS

C’était la première proclamation d’un gouvernement nouveau, qui avait pris possession de l’Hôtel-de-Ville. Elle était ainsi conçue :

Citoyens, le peuple de Paris a secoué le joug qu’on essayait de lui imposer.

Calme, impassible dans sa force, il a attendu sans crainte, comme sans provocation, les fous éhontés qui voulaient toucher à la République.

Cette fois, nos frères de l’armée n’ont pas voulu porter la main sur l’arche sainte de nos libertés. Merci à tous, et que Paris et la France jettent ensemble les bases d’une République acclamée avec toutes ses conséquences, le seul gouvernement qui fermera pour toujours l’ère des invasions et des guerres civiles.

L’état de siège est levé.

Le peuple de Paris est convoqué dans ses sections pour faire ses élections communales.