Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/181

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meux de « l’amende honorable ». Jamais le célèbre avocat ne justifia mieux son renom d’homme fielleux, à la parole empoisonnée, l’orateur vipérin dont Dupin disait, un jour qu’il refusait, ses amis Le sollicitant, de monter à la tribune : « Au lieu du verre d’eau, qu’on mette une jatte de lait, il viendra tout de suite ! »

La parole puissante de Jules Favre soutint et dépassa même la pensée de Thiers. Cette harangue haineuse fut l’ultimatum de la réaction peureuse et furibonde, une véritable déclaration de guerre civile.

DISCOURS FAMEUX DE JULES FAVRE

Jules Favre commença par rappeler ce que venait de dire le président du conseil : « Que Paris fasse un signe, nous serons avec lui ! » Il confirma cette avance, en disant, ce qui était manifestement faux : « Nous n’avons jamais cessé d’être avec lui ! » Il fit suivre cette allégation conciliante, mais mensongère, de ce correctif qui était la véritable expression des intentions gouvernementales : « Mais c’est par des actes énergiques qu’il faut combattre le mal. » Il cita des protestations contre l’insurrection, publiées par des journaux, puis abordant la proposition en discussion, déclara :

Oui, Paris doit avoir sa représentation, Nous avons proposé de concert avec le ministre de l’Intérieur un projet de loi en ce sens. S’il ne s’agissait que de rendre à Paris la liberté des élections, la majorité de cette assemblée rendrait à Paris des droits longtemps discutés. Mais ces questions ne sont pas celles qu’on discute à Paris.

Je rougirais si j’étais dans la nécessité de vous répéter les insultes et les outrages que ces ennemis du bien public répandent sur l’autorité légitime issue du suffrage universel, mettant au-dessus d’elle je ne sais quel idéal sanglant et rapace !