Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/187

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de la Convention, par les Guadet et les Isnard, fut fournie par l’amiral Saisset, grisé, emballé :

— Eh bien ! appelons la province aux armes et marchons sur Paris ! Il faut qu’on en finisse !

DÉCLARATION DE M. TIRARD

L’assemblée avait écouté, avec consternation à gauche, avec ravissement à droite, les imprécations de Jules Favre. Il fallait pourtant une réponse. Ce fut M. Tirard qui la donna, avec mesure, mais non sans un certain courage :

— Messieurs, j’arrive de Paris, dit-il. Une partie des mairies sont encore occupées par les maires et ne sont pas au pouvoir du gouvernement qui siège à l’Hôtel-de-Ville…

Ici, une interruption violente. On protesta contre le terme de gouvernement employé. « Dites les insurgés ! » lui cria-t-on.

M. Tirard ne releva pas l’interruption, et continua, posément, mais avec autorité :

Messieurs, nous sommes à Paris, mes collègues et moi, en face de ces hommes, et je vous prie de croire que nous ne reculons pas devant eux, que nous les tenons en échec. Je suis dans ma mairie, je ne l’ai quittée que pour venir ici ; je vais y rentrer ce soir, et si demain doit paraître, comme on l’a dit, un décret portant ma destitution, je n’y resterai pas moins ; ils m’y tueront s’ils le veulent. Messieurs, quand on est prêt à faire des actes de cette nature, on a le droit de parler. Eh bien, messieurs, je vous l’avoue, j’ai écouté tout à l’heure le discours de l’honorable ministre des affaires étrangères avec une émotion, avec une douleur profondes, et je vais vous dire pourquoi.

Oh ! je ne veux pas critiquer, les moments sont trop précieux pour se livrer à des récriminations, mais je veux le dire en toute sincérité, Paris peut être sauvé d’ici demain, Paris peut être sauvé avec des mesures, je n’ose pas dire de prudence, je n’ose pas dire de conciliation, mais de conservation.