Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/188

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Eh bien, messieurs, les mesures qui ont été annoncées tout à l’heure m’épouvantent, je l’avoue.

Il y a quelque chose dans le discours de M. le ministre des affaires étrangères qui m’a surtout affligé : c’est cet antagonisme qu’on cherche à faire naître entre Paris et la province. Permettez-moi de vous dire que personne n’est plus opposé que nous au démembrement de la France sous quelque forme qu’il se présente. Quand nous entendons parler de ruraux et d’urbains, quand nous voyons que l’on cherche absolument à établir une distinction entre les différentes contrées dont le pays se compose, nous en sommes profondément affligés. Nous regrettons vivement qu’on se fasse une arme contre toute une population de quelques articles de journaux, qui, en définitive, ne représentent que l’opinion de quelques individus, et dont on ne saurait, en bonne justice, rendre solidaire toute cette population. Je n’ai pas de journaux pour répondre aux articles et aux injures que l’on dirige contre moi, et que j’entends répéter autour de moi depuis six mois. Les Parisiens honnêtes, — et c’est l’immense, la très immense majorité, — protestent contre de pareilles exagérations, qui sont faites dans un esprit que je n’ai pas besoin de vous signaler.

Messieurs, je ne veux pas rester plus longtemps à la tribune, mais je vous en adjure, laissez-nous terminer notre œuvre, qui est en bon chemin. Nous avons autour de nous toute une population saine, et c’est l’immense majorité.

Je me résume, et je donne à mon discours ce que le ministre des affaires étrangères n’a pas donné au sien : une conclusion.

Si vous voulez bien adopter notre projet, je vous assure que la tranquillité renaîtra dans Paris, et que dans deux ou trois jours, demain peut-être, nous serons maîtres de l’Hôtel-de-Ville et de tous les édifices publics. Si, au contraire, nous revenons les mains vides, soit aujourd’hui, soit demain, je vous avoue franchement que je ne sais pas ce qui pourra se passer.

Voilà, messieurs, ce qui était de mon devoir de vous dire et de vous faire connaître.

Cette déclaration fut très applaudie. Elle amena M. Thiers, une troisième fois, à la tribune.