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RÉFUTATION DE JULES FAVRE PAR THIERS

M. Thiers était visiblement gêné par l’exubérante diatribe de son collègue Jules Favre, qui avait trop déchiré les voiles, et divulgué sans assez de ménagements les projets de guerre civile du gouvernement et l’espoir de son chef de rentrer dans Paris par la brèche. Il profita des paroles applaudies de M. Tirard pour réfuter son ministre des affaires étrangères.

La vraie manière d’être conciliants, c’est d’être justes. Je remercie l’honorable M. Tirard, et je suis sûr que l’Assemblée le remerciera avec moi du noble courage qu’il montre tous les jours, dans les circonstances difficiles où nous sommes placés.

Maintenant, qu’il soit bien entendu que la France, ici représentée, ne déclare pas et n’entend pas déclarer la guerre à Paris, que nous n’entendons pas marcher sur Paris, mais que nous attendons de sa part un acte de raison, en applaudissant à tous ceux qui font leurs efforts pour le provoquer. Nous serons heureux de les voir réussir.

Paris veut ses droits : nous travaillerons à les lui rendre, en n’y mettant d’autres réserves que celles qui seront nécessaires, pour que les scélérats, qui ont opprimé Paris et ont essayé de le déshonorer, n’aient plus en mains une force dont ils abusent, pour que la tranquillité de Paris soit assurée en sauvegardant sa liberté, et pour que les droits mêmes qu’il réclame restent dans leur intégrité.

La Chambre approuvera cette déclaration que je fais, que nous ne faisons pas la guerre à Paris ; que nous sommes prêts au contraire à lui ouvrir les bras, s’il nous les ouvre lui-même.

Je n’en dis pas davantage, mais, je le répète, pour que Paris ne puisse pas se tromper sur le sens de la discussion qui vient d’avoir lieu.

La discussion était close. Plusieurs ordres du jour furent proposés. Le gouvernement repoussa l’ordre du jour pur et simple, et accepta l’ordre du jour suivant, qui fut voté à l’unanimité :