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mesure n’apparut pas grande, et le président renvoya l’auteur de la proposition au règlement de 1849, qui autorisait l’écharpe et un ruban rouge à liseré bleu et blanc. Ce règlement était applicable à l’assemblée actuelle.

Dans la séance du 24 mars, on discuta la loi sur les échéances, ou plutôt la proposition de M. Millière tendant à proroger de trois mois les délais accordés par la loi détestable du 10 mars. L’orateur dit : « J’ai consulté le commerce de Paris, je vous assure que les commerçants de Paris sont dans l’impossibilité absolue de faire, dans ces circonstances exceptionnelles, l’impossible que vous leur demandez. »

Un rural fit alors cette observation prudhommesque, et fausse en un tel moment : « Les bons commerçants ont toujours dans leur caisse de quoi faire face à leur situation, même dans les jours les plus mauvais. » Il conclut par cette observation féroce : « Si les commerçants sont gênés, qu’ils demandent des délais aux tribunaux de commerce ! » On lui répondit qu’un commerçant n’arrive devant le tribunal de commerce qu’après le protêt, or c’était le protêt qu’il fallait éviter. M. Dufaure fit remarquer que, le lendemain, 25 mars, était jour d’échéance, et que si l’on n’accordait pas la prorogation, il y aurait beaucoup de protêts. Le millionnaire Pouyer-Quertier s’opposa en disant qu’on songeait trop aux débiteurs et trop peu aux créanciers.

L’hostilité contre Paris se manifestait donc en matières commerciales comme en matières municipales et politiques, au cours de cette discussion. Finalement, un délai d’un mois à partir de ce jour fut accordé. Un amendement de M. Magain demandant deux mois avait été repoussé par 270 voix contre 205. On tenait à exaspérer le petit commerce et la moyenne industrie de Paris.

Ce vote fut accueilli à Paris par une affiche ainsi conçue :