Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/196

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des élections municipales, où l’on espérait la conciliation, où l’on croyait encore un accord possible et près d’être conclu, non seulement l’amiral Saisset, et quelques maires, organisaient la guerre civile dans la ville, mais des ruraux féroces tentaient d’armer la province et de lancer des bataillons irrités contre la capitale. Cela se pratiquait avant qu’un seul coup de fusil eût été tiré par les Parisiens. Que de gens croient encore de bonne foi que le Comité Central et la Commune ont attaqué, ont jeté leurs bandes d’insurgés sur l’armée, sur l’Assemblée, alors qu’au contraire on faisait tout à l’Hôtel-de-ville pour éviter une bataille.

Le comte Rampont dit, sur la proposition Laroche-Guyon : « Si l’armée est prête, je demande que nous marchions à sa tête sur la capitale ; croyant qu’elle ne l’est pas, je crois bon d’appeler les hommes d’ordre de la province. »

Le ministre de l’intérieur Picard, demanda à l’Assemblée d’accepter la proposition, mais il entendait que cette force nouvelle fût à la disposition à la fois du ministre de la guerre et du ministre de l’intérieur. Les bataillons de gardes nationales volontaires devaient dépendre, selon lui, du pouvoir civil. Cette demande souleva de vives protestations. M. Picard fut personnellement attaqué, notamment par M. de Kerdrel. « Nous avons vu, dit ce réactionnaire endurci, l’immixtion du pouvoir civil dans la guerre arriver à des résultats si fâcheux que je crois que tout ce qui est de la guerre doit émaner du pouvoir militaire. » M. de Kerdrel profita de la parole pour reprocher au ministre le choix de ses préfets, qu’il jugeait trop républicains. M. Thiers, qui estimait avoir mieux à faire qu’à écouter les divagations de la droite en délire, n’était pas à son banc. Les droitiers profitèrent de cette absence pour secouer un peu l’indolent et sceptique Picard, qui se contenta de répondre sans indignation, avec une placidité narquoise :