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la défense de la République, montraient une extrême défiance.

LA SÉANCE DES ÉCHARPES

Après ce vote qui prouvait bien les intentions belliqueuses de l’Assemblée, et qui démentait tous les bruits de conciliation, M. Bérenger, voué par la suite à une légendaire notoriété d’homme pudibond, et qui se montrait alors seulement violent réactionnaire, sous le prétexte « qu’il importait que les représentants du peuple s’associent aux efforts tentés par les gardes nationaux fidèles à l’ordre contre le parti des factieux », proposa « qu’une Commission de Quinze membres se rendit dans Paris, pour tenter ce qui importait à l’apaisement ou à la répression de l’émeute. »

Le gouvernement, par la bouche de Jules Favre, s’associa à la proposition. Elle était inspirée des événements de 48, où l’on vit des députés délégués, marcher, porteurs de leurs insignes, à l’assaut des barricades avec les troupes. Un surenchérisseur demanda que cette commission fût de trente membres au lieu de quinze. « Pourquoi pas toute l’assemblée ! », cria un loustic. Les deux propositions furent renvoyées à l’examen des bureaux.

La séance allait se terminer quand M. Arnaud de l’Ariège[1] demanda la parole. Alors eut lieu la courte mais mémorable séance des « écharpes ».

Arnaud de l’Ariège, député et maire, fit connaître que

  1. Frédéric Arnaud (de l’Ariège), avocat, député puis sénateur, né à Saint-Girons (Ariège) le 8 avril 1810. Représentant à la Constituante, et à la Législative. Conseiller d’état au 4 septembre, nommé maire du 7e arrondissement de Paris aux élections du 5 novembre 1870, élu au 8 février député de la Seine. Il obtint 936 voix aux élections de la Commune et ne fut pas élu, mais il ne s’était pas porté. Elu sénateur de l’Ariège en 1876. Mort à Versailles le 30 Mai 1878. Il était d’une opinion républicaine particulière : démocrate catholique.