Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et s’inclinant vers les députés, poussèrent un vigoureux cri de : Vive la République ! Stupeur, puis fureur.

Les droitiers affolés, croyant voir l’Assemblée envahie, évoquent les souvenirs des scènes de la Convention, Germinal et Prairial, dans leur mémoire apeurée. Ces maires jugés subversifs, avec leurs écharpes scandaleuses, leur semblent l’avant-garde des défilés à la barre et des sections en armes qui envahirent le sanctuaire législatif. La droite répondit au cri de : vive la République ! que les députés de la gauche avaient répété, par des menaces, des huées, des imprécations. Les ruraux se levèrent, indignés, beaucoup montrant le poing. D’autres coururent au vestiaire, rapportèrent leurs chapeaux et se couvrirent. Bientôt les chapeaux circulèrent de rang en rang ; On en passait aux députés encore nu tête.

Langlois cria vainement : « Chapeau bas, Messieurs ! Vous insultez des élus du suffrage universel ! » Le tumulte continua de plus belle. Le président s’efforçait d’obtenir le silence. Il ne put l’imposer. Devant cette attitude de la droite, il leva la séance, après que le questeur se fut écrié avec indignation, craignant qu’on ne lui reprochât l’ouverture de la tribune : « Je demande à dire un mot sur ce qui se passe ici, je désavoue hautement cette manifestation ; je ne l’ai pas autorisée… » Sa voix se perdit dans le bruit, et déjà les députés de la droite, se disputant et se bousculant vers les issues, sortaient dans un brouhaha hurleur. Il était six heures et un quart, et il devait y avoir séance à neuf heures.

LES MAIRES DE PARIS INSULTÉS

Benoît Malon, qui assistait à cette séance houleuse, en a ainsi consigné l’impression pénible :