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mer que Paris n’avait pas nommé des mandataires. Mais évidemment, dans l’esprit des maires, bénévoles dupes s’imaginant que M. Thiers accepterait une transaction et reconnaîtrait sincèrement le droit des Parisiens, il était préférable que l’on tombât d’accord pour cette convocation d’électeurs. Les maires tenaient essentiellement à rapporter à Paris une acceptation de leurs propositions. Aussi se montrèrent-ils enchantés de l’urgence déclarée à l’unanimité pour l’examen de leur communication.

Comme il était minuit, quand ils quittèrent la salle des séances, et que les moyens de retour faisaient défaut aussi bien que les logements à Versailles, les maires durent s’arranger comme ils purent pour passer la nuit. Les uns campèrent dans les antichambres et dans les bureaux du palais, quelques-uns s’allongèrent sur les banquettes au foyer du théâtre, d’autres se réfugièrent à la gare et firent un somme dans les wagons, en attendant le premier train du matin.

PROCLAMATION DES MAIRES

Les maires, conspués la veille à Versailles, feignirent donc de se tenir pour satisfaits. Aussitôt rentrés à Paris, ils rédigèrent et firent afficher la proclamation suivante :

Les maires et adjoints de Paris et les représentants de la Seine font savoir à leurs concitoyens que l’Assemblée nationale a, dans la séance d’hier, voté l’urgence d’un projet de loi relatif aux élections du conseil municipal de la Ville de Paris.

La garde nationale, ne prenant conseil que de son patriotisme, tiendra à l’honneur d’écarter toutes causes d’un conflit, en attendant Les décisions qui seront prises par l’Assemblée nationale.

Vive la France ! Vive la République !

Il faut surtout voir dans cet optimisme affecté le souci de ne pas envenimer les choses, et le désir d’arriver à un