Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/208

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Jules Favre répondit d’une façon évasive. Il n’osait démentir l’authenticité de la dépêche allemande, et il craignait d’avouer que le général allemand ne paraissait pas disposé, comme il l’avait affirmé à la Chambre, à une intervention contre Paris. Il esquiva la question qui lui était posée en se rejetant sur des généralités. Il feignit de croire à une entente, qui n’a jamais existé, et il le savait mieux que personne, entre les insurgés de Paris et les militaires allemands. « Je ne vous dissimulerai pas, dit-il, avec une réserve qui pouvait donner beaucoup à penser, que j’ai toujours eu crainte de ces accords secrets qui ne peuvent nous laisser sans inquiétude. »

Ii ne put donc pas nier l’existence de la dépêche allemande. Il dut avouer qu’il avait reçu deux dépêches confidentielles des Allemands, l’une de Berlin, l’autre de Rouen, où on lui disait que « le statu quo ne serait rompu que dans des circonstances exceptionnelles ». Jules Favre profita de l’interpellation pour se plaindre d’un ralentissement dans l’évacuation du territoire, qu’il attribuait à l’insurrection, ce qui était inexact. Le retard dans le retrait des troupes allemandes était motivé par l’encombrement temporaire des lignes ferrées. Il termina ainsi sa réponse vague à la question précise de l’interpellateur :

Je ne puis et ne veux vous donner aucun renseignement sur ce qu’on me demande. D’abord parce que je ne sais rien, et ensuite parce que nous ne devons pas considérer comme avenus les actes d’un gouvernement insurrectionnel. Laissez-moi seulement vous déclarer que l’insurrection a aggravé la situation de la France…

Jules Favre répond ainsi qu’il ne répond pas, parce qu’il ne sait rien. Cette raison était suffisante. Il ajoute qu’il considère comme inexistants les actes du gouvernement de