Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vautrain (Eugène-Joseph), avocat et maire du IVe arrondissement (Hôtel-de-Ville), fut l’un des plus actifs instruments de la réaction, pendant les événements qui se produisirent à la suite du Dix-Huit mars. Il était né à Nancy, le 15 novembre 1818. Il fut en 1848 nommé maire de l’ancien 9e devenu depuis le 4e arrondissement. Il donna sa démission au coup d’état, et se tint à l’écart jusqu’à la fin de l’empire. Au 4 septembre, on le nomma préfet et il n’accepta point. Il a expliqué les causes de son refus dans l’Enquête parlementaire :

« Je blâmais le 4 septembre, a dit ce singulier républicain, je trouvais qu’on avait eu tort, ce jour-là, de proclamer la République, sans le consentement du pays. »

Au 5 novembre, il fut élu maire par le IVe arrondissement. Aux élections du 8 février pour l’Assemblée Nationale, il obtint 43,560 à voix, et ne fut pas élu. Mais, en janvier 1872, après la répression et sur les listes expurgées, il fut nommé député par 121,325 voix contre Victor Hugo qui n’eut que 95.900 voix. Paris préférant Vautrain à Victor Hugo, ce fut un scandale. Par la suite, Paris se ressaisit et Vautrain fut battu aux élections du 20 février 1876, dans son propre arrondissement, qui lui préféra le républicain Barodet, qui avait d’ailleurs battu le candidat de tous les groupes réactionnaires, Rémusat, à l’élection partielle et sensationnelle de 1873. Maire au moment du Dix-Huit mars, Vautrain parut, même aux yeux de Jules Favre, dépasser les bornes de la réaction. Il ne cessait de harceler le ministre pour qu’on tentât un coup de force durant les semaines qui précédèrent la révolution. « Si on n’arrête point le Comité Central, rabâchait-il, nous sommes perdus ! » C’était la destruction de Carthage, thème favori de ce Caton bourgeois. Il déclara à la commission qu’il avait donné le même conseil à M. Picard et au préfet de police,