Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/215

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situation : « Soyez convaincus, a-t-il dit, que l’immense majorité des maires, quoique vous en ayez vu de très avancés, était pour l’Assemblée nationale contre l’insurrection. » Ceci montre que beaucoup de ces hommes qui parlaient toujours de conciliation n’en voulaient pas et travaillaient pour le succès de M. Thiers. Ils s’étaient rendus à Versailles, où ils avaient été hués quand ils avaient voulu acclamer la République ; ils connaissaient les dispositions morales de l’Assemblée et ils ne pouvaient ignorer les dispositions militaires de M. Thiers. Ils devaient donc se douter de l’innocuité de leurs efforts pour arriver à une transaction, qui n’était ni dans le cœur des ruraux, ni dans la pensée de leur chef.

Quand Saisset fit le simulacre d’une résistance, au cœur même de Paris, M. Vautrain se plaignit à l’aide de camp de l’amiral que l’on ne prenait pas de mesures suffisantes pour arrêter l’insurrection « qui approchait » et M. Vautrain enregistra cette réponse de l’aide de camp, M. Freytaut, officier de marine « qui ne quittait jamais Saisset », que l’amiral avait reçu du pouvoir exécutif l’ordre de ne pas faire de résistance ! Ainsi la démonstration des calculs de M. Thiers, de l’inutilité des pourparlers et de la résistance pour rire qu’on essayait de faire prendre au sérieux est fournie par ce témoignage spontané de l’un des plus ardents adversaires de Paris. Il a corroboré cette preuve par l’importante déclaration suivante, qui précise et justifie le double rôle de dupes et de complices joué par les députés de Paris et les maires dans la comédie des négociations, des affiches, des proclamations, en vue d’une conciliation qui n’était pour M. Thiers qu’une ruse de guerre. En même temps, M. Vautrain constate la faute énorme, déjà signalée, commise par le Comité Central lorsqu’il n’a pas voulu marcher sur Versailles dès le lendemain de l’insurrection.