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tions, se justifiait aussi par le fait que les tribunaux ayant suspendu le cours de la justice, les magistrats ayant pour la plupart gagné Versailles, il eût été difficile d’obtenir jugements et ordonnances d’expulsion.

AVERTISSEMENT À LA PRESSE

Les critiques de la presse hostile avaient pris un caractère tellement violent qu’on pouvait les considérer comme des appels à la guerre civile. Le Comité Central publia cet avertissement :

La presse réactionnaire a recours au mensonge et à la calomnie pour jeter la déconsidération sur les patriotes qui ont fait triompher les droits du peuple.

Nous ne pouvons pas attenter à la liberté de la presse ; seulement, le gouvernement de Versailles ayant suspendu le cours ordinaire des tribunaux, nous prévenons les écrivains de mauvaise foi, auxquels seraient applicables d’ordinaire les lois de droit commun sur la calomnie et l’outrage, qu’ils seront immédiatement déférés au Comité Central de la garde nationale.

Les bureaux du Figaro et du Gaulois, où se confectionnaient des articles calomnieux, des nouvelles mensongères, avaient été, et dès les premiers jours, envahis par un détachement de gardes nationaux ; ces journaux avaient été mis dans l’impossibilité de paraître. Cet attentat à la liberté de la presse avait été blâmé par les journaux républicains, comme le Cri du Peuple et le Rappel. On reprocha aux hommes, à qui l’insurrection avait donné le pouvoir, de recourir contre leurs adversaires à des mesures de violence, qu’ils avaient justement condamnées quand ils étaient dans l’opposition.

L’avertissement donné avait pour but de corriger la mauvaise impression qu’avait pu produire la brutalité de cette descente militaire dans deux imprimeries. Le Figaro