Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/224

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damnation, ou tout au moins d’arrestation et de poursuites, que le fait d’être resté à Paris, même sans avoir servi la Commune. Ceux qui crurent devoir conserver leur emploi, non seulement le perdirent à la rentrée des troupes, mais la déportation ou l’emprisonnement punirent les imprudents qui, ne désertant pas leur poste, acceptèrent de l’avancement. Cet avancement pouvait être motivé, non par une adhésion politique soupçonnée, mais par ce fait que les services publics étaient désorganisés : ceux qui remplirent les fonctions des chefs et commis ayant abandonné leur emploi, ne devaient-ils pas avoir le grade et les appointements de ceux qu’ils remplaçaient ?

Beaucoup, parmi les comptables de deniers publics, firent du zèle et déménagèrent leurs caisses. Ils emportèrent leurs recettes à Versailles, où ce butin inespéré fut joyeusement reçu. Plusieurs récits pittoresques, par la suite, firent connaître les ruses, les déguisements et les stratagèmes employés pour commettre ces vols, qualifiés sans doute de légitimes, détournant, au profit du gouvernement en fuite, les fonds de la ville. Il y eut des comptables de l’Assistance Publique qui se transformèrent en infirmiers ; sous le prétexte de conduire des pommes de terre à l’hospice d’Issy, ils firent passer à Versailles des sacs pleins d’or, de pièces d’argent, de billets de banque, toute la caisse, alors considérable, de l’administration centrale des hôpitaux. (Paul Ginisty. Paris intime en Révolution.)

On volait ainsi les malades et les pauvres, sous le prétexte de priver du nécessaire le Comité Central.

LA SOLDE ET LA BANQUE DE FRANCE

Une des premières et des plus vives préoccupations du Comité Central, fut d’assurer la solde de la garde natio-