Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/232

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-Ville ; le commandement du Palais des Tuileries fut donné au colonel Dardelle, commandant des Cavaliers de la République. Ces nominations pouvaient être plus ou moins justifiées, et les choix étaient plus ou moins bons, mais ce qui est à signaler et à critiquer, c’est que ces officiers étaient nommés par « le général commandant en chef des gardes nationales de la Seine ». Que devenait le principe, affirmé dans les statuts de la Fédération, et imposé dans les pourparlers avec les maires, faisant même une des trois revendications parisiennes portées à l’Assemblée nationale, que : « dans les bataillons de la garde nationale, tous les grades, depuis celui de caporal jusqu’au commandement en chef, ne pouvaient être conférés que par l’élection ? »

Le même jour, un autre décret parut portant : « qu’à partir du 24 de ce mois tous les services militaires concernant les exécutions des ordres de la place seraient confiés au général Bergeret. » Ce dernier devenait donc, par décret du Comité Central et sans élection non plus, le véritable gouverneur de Paris, le commandant supérieur de la place ?

On avait peut-être raison de procéder ainsi, car surtout pour le commandement supérieur, le système électif peut être combattu et repoussé. Mais il ne fallait pas faire de l’élection pour tous les grades la base statutaire de la Fédération. Ayant adopté le système électif à tous les degrés, et l’ayant invoqué comme principe intangible dans les réunions de gardes nationaux, durant les pourparlers avec les maires et avec Versailles, on ne devait pas y renoncer dès les premiers jours, et cela sans explication devant le corps électoral de la Fédération. Ces nominations sans élections parurent une surprise et une contradiction. Les journaux hostiles ne manquèrent pas d’en faire la remarque, non sans raison.