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MISE EN LIBERTÉ DU GÉNÉRAL CHANZY

Le général Chanzy avait été arrêté, comme nous l’avons vu, dans le train qui l’amenait à la gare d’Orléans, sans que les gardes nationaux, qui s’emparèrent de lui, sussent qu’il s’agissait du commandant en chef des armées de la Loire. Une foule féroce et stupide avait maltraité le général, avait même cherché à le tuer. Léo Millet, adjoint au maire du XIIIe arrondissement, avait eu beaucoup de peine à le soustraire, ainsi que le député Turquet qui ne voulut pas l’abandonner, aux violences de cette foule exaspérée. Léo Meillet s’efforça de faire mettre le général en liberté, mais Duval s’y opposa. Ce dernier entendait conserver Chanzy comme otage.

Le général avait pu être conduit à la prison du secteur, où il se trouvait à peu près en sûreté : Serizier, commandant du 101e bataillon, le capitaine Cayol et Léo Meillet parvinrent à faire transférer le général à la prison de la Santé, plus sûre. Duval en référa au Comité Central, et il fut décidé que Chanzy, jusqu’à nouvel ordre, serait gardé à la Santé.

Cet internement, bon pour mettre le général à l’abri des forcenés, qui, le prenant pour Ducrot ou pour Vinoy, réclamaient sa mort, ne pouvait être raisonnablement maintenu. Le système de la garde en otage, qui répugne toujours au généreux et individualiste tempérament français, n’était pas encore appliqué, ni même proposé. Plusieurs interventions se produisirent alors. Le général Crémer et le commandant Arronsoha se présentèrent à la Santé, le 20 mars, porteurs d’un ordre de mise en liberté signé de Lullier. Duval, qui tenait absolument à son idée d’avoir, en la personne du général Chanzy, un répondant précieux, déchira l’ordre de Lullier. Mais le général Crémer, dont la