Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/236

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Arronsohn, dans son grade de colonel Comment Chanzy a-t-il été élargi ? Je n’en sais rien. Toujours est-il que je n’ai pas donné un sou et que j’ai fait le nécessaire auprès de M. Barthélemy-St-Hilaire pour le mettre en défiance. Quant à Arronsohn, celui-là a un dossier abominable au ministère de l’Intérieur, et on s’est bien gardé de rien donner. (Un membre dit : Il est toujours ici. Il est venu demander la décoration.) Pour en revenir à notre affaire Crémer-Arronsohn, ils ont fait élargir Chanzy, et je n’ai pas donné d’argent. Quant aux cent mille francs (cent ou trois cents ?) que j’ai touchés à la Banque de France, je les ai partagés entre mes aides de camp. J’ai donc réussi à obtenir l’élargissement de Chanzy en ne tenant pas ma parole ; j’ai agi à leurs yeux comme un coquin, mais tout bien considéré je crois que j’ai fait ce que je devais faire. Maintenant si vous voulez donner de l’argent à Crémer, faites-le, mais j’espère, pour l’honneur de l’armée, qu’on ne l’y laissera pas rentrer…

(Enquëte parlementaire, dép. de l’amiral Saisset, liv. II, pp 314-315.)

Cette déposition de Saisset est intéressante, en dehors de ses commérages oiseux sur son intervention. Elle fut complètement inutile pour sauver Chanzy, comme il le reconnaît. Mais Crémer et Arronsohn firent des démarches qui aboutirent. Saisset leur avait promis un salaire et ne le donna point. Il s’était engagé aussi à solliciter la réintégration de ces deux officiers, et le fourbe se vante d’avoir agi en sens contraire auprès de Barthélemy-Saint-Hilaire. Enfin il s’est borné à extorquer de l’argent à Rothschild, à qui dans les deux camps on s’adressait volontiers, comme on l’a vu par la démarche de Jourde et de Varlin. Ces cent mille francs, destinés, disait-il, à acheter les membres du Comité Central et à récompenser Crémer et Arronsohn, lui ont servi seulement à gratifier ses aides de camp. L’amiral prétend que cet argent a été remis en partie à Versailles, mais il ajoute, histoire de brigands invraisemblable, que l’aide de camp Freytaut, celui qui, disait-on, ne le quittait jamais, fréquentation compromettante, ayant été atta-