Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/237

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qué par les fédérés, s’était vu dépouiller de son butin. L’argent mal acquis, dit le proverbe, ne profite guère. Ce qui résulte surtout des déclarations de Saisset, c’est que le Comité Central a relâché Chanzy sans rançon, sans compromission, et c’est heureux pour le général. S’il avait dû attendre sa délivrance de l’intervention de l’amiral, et des négociations pécuniaires dont il s’était chargé sans même chercher à les entreprendre, le général, que Duval et Rigault espéraient échanger contre Blanqui, eût été retenu en prison et eût sans doute subi le triste sort de l’archevêque de Paris : Thiers tenant absolument à garder Blanqui, et préférant voir le prélat et tous les otages passés par les armes plutôt que de savoir en liberté celui qu’il considérait comme une force pour la Commune. Ce qui d’ailleurs était une illusion et une sottise. Les événements eussent probablement peu changé : Blanqui rendu libre, seulement après la faute initiale commise, après l’inaction durant les deux premières semaines, eut difficilement modifié les chances de la lutte. Par la suite la répression eût définitivement débarrassé la réaction du révolutionnaire estimé si redoutable.

LE GÉNÉRAL CRÉMER

Crémer, qui fut le principal agent de la délivrance de Chanzy, était l’un de nos plus jeunes généraux de 1870. Un instant populaire, acclamé pour sa patriotique ardeur, et considéré comme un général vraiment républicain, il avait manifesté son désir de continuer la lutte, sans désespérer comme tant d’autres de la possibilité d’empêcher, les armes à la main, le démembrement de la patrie. Il fut rangé parmi les partisans de la guerre à outrance, parmi les gambettistes, comme tel suspect à Bordeaux. Ceci ne nuisait