Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/238

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pas à sa popularité parisienne. Ses états de service étaient, au moment de la signature des préliminaires de paix, extrêmement brillants, comme sa personnalité était alors sympathique.

Camille Crémer était né à Sarreguemines (Moselle) le 6 août 1840. Il avait donc trente ans lors de la guerre. Sorti de Saint-Cyr et de l’école d’application de Metz, avec le numéro 2 en 1861, il fit la campagne du Mexique comme lieutenant au Ier zouaves.

Il était capitaine d’état major en 1866. Quand éclata la guerre allemande, il faisait partie du corps de Bazaine et était aide de camp du général Clinchant. Fait prisonnier à la capitulation de Metz, il s’évada audacieusement d’Allemagne, gagna la France sous divers déguisements, et vint se mettre à la disposition de la délégation de Tours. Il fut nommé général de division et reçut le commandement du corps de mobilisés de l’Est, opérant entre Beaune et Dôle et formant l’aile droite de l’armée de Garibaldi. Attaqué auprès de Nuits, le 18 décembre, par le général Werder, il défendit la gare avec acharnement : les pertes des Allemands dans cette affaire furent sérieuses. Il fit avec énergie toute la campagne de l’Est, terminée, par la faute de Jules Favre, en déroute de l’armée de Clinchant et en retraite sur le territoire helvétique. Au dix-huit mars, il accourut à Paris et offrit indirectement son épée au Comité Central. Cette démarche fit qu’on l’a classé un moment parmi les partisans de la Commune. C’est à tort, car il ne peut y figurer qu’au rang des traîtres, s’il est considéré comme ayant un instant occupé le commandement en chef, qui lui fut offert. Il l’eût accepté s’il avait cru à la victoire. Caractère aventureux, dépourvu de sens moral, très ambitieux, patriote sincère aussi et militaire avant tout, il vit dans l’insurrection une occasion d’exercer un grand commandement, et peut-être