Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/239

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de continuer la lutte contre les Allemands, avec les forces parisiennes victorieuses, dispersant l’Assemblée et constituant un nouveau régime républicain, ayant la revanche pour programme.

Les acclamations populaires l’encouragèrent dans cette voie honorable, mais périlleuse. Il se découragea vite, et nerveux, impressionnable et d’humeur changeante, quand il vit les choses tourner mal, il cessa ses rapports avec le Comité Central, retourna s’offrir à Versailles, qui ne voulut point utiliser ses talents. On a vu que son crédit était encore assez fort auprès du Comité Central, puisqu’il parvint à le décider à faire mettre en liberté le général Chanzy, malgré les influences contraires du général Duval, qui commandait toute la rive gauche, et, avec Raoul Rigault, était maître de la préfecture de police.

Avec une défaillance indigne d’un aussi vaillant homme de guerre, pour racheter sa soumission éphémère au Comité Central, et pour s’allier les faveurs de Versailles, Crémer, qui avait écrit une lettre bizarre et plate au général Vinoy pour se mettre à sa disposition, c’est-à-dire pour trahir le Comité avec lequel il était en pourparlers, n’hésita pas, dans l’Enquête Parlementaire, à outrager et à calomnier le pouvoir insurrectionnel dont il avait cru devenir le général en chef.

Voici sa lettre à Vinoy :

Mon Général.

Arrivé depuis peu à Paris, j’attendais pour aller vous rendre visite, que mon tailleur m’eût mis dans un état présentable, mais comme cela tarde beaucoup, je tiens à vous dire que je mets à votre disposition et ma personne et le peu d’influence que je puis avoir.

Général Crémer.

Le Comité Central eut connaissance de cette lettre que