Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/242

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Comme un membre lui demandait : « Avez-vous vu une des séances de la Commune ? » il répondit négativement, tout en continuant à accumuler de nouveaux mensonges calomniateurs.

Non ! je suis parti le jour où la Commune s’est constituée. Ils n’étaient jamais plus de six ou sept en délibération ; les uns sortaient, les autres entraient. Il y en avait qui étaient ivres, ceux-là étaient les plus assidus, parce qu’ils ne pouvaient plus s’en aller.

Le président alors lui posa cette question :

— Vous attribuez la résistance que nous avons rencontrée à la Commune et non au Comité Central ?

Crémer donna cette explication contestable :

Oui, il n’y avait rien de possible avec les gens du Comité Central ; s’il n’était pas entré dans la Commune des hommes plus intelligents, ayant plus d’esprit de suite, je suis convaincu qu’on n’aurait rien fait, que le Comité Central devait tomber de lui-même au bout de quelque temps…

COMITÉ CENTRAL ET COMMUNE

L’assertion d’un traître avéré doit toujours sembler suspecte. Ici, en outre, les faits et les documents démentent les appréciations et l’opinion de Crémer. Assurément la Commune renfermait de hautes intelligences, des écrivains de talent, des philosophes remarquables et des penseurs notoires. Le Comité Central n’avait pas dans son sein d’hommes d’incontestable valeur tels que : Delescluze, Félix Pyat, Jules Vallès, Arthur Arnould, Vermorel, Paschal Grousset, Longuet, Protot, Malon, pour n’en citer que quelques-uns parmi les plus connus, mais ce n’est pas avec des publicistes distingués, avec des avocats diserts et des sociologues profonds, qu’on fait la guerre civile. Les mem-