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CHARLES LULLIER

Le lieutenant de vaisseau Charles-Ernest Lullier est un des personnages les plus en vue de la révolution du 18 mars. Ce fut un incapable turbulent et un orgueilleux étourdi. L’alcoolisme le gouvernait. Une nervosité continue le faisait gesticuler et grimacer dans les moments de calme. Il convient d’ajouter à ces qualificatifs peu enviables une épithète qui est la pire flétrissure dans notre loyal pays : ce fanfaron encombrant et déséquilibré fut un traître.

Il ne fut pas payé de sa trahison. Ceux à qui il s’était offert, après qu’il eut servi plus ou moins consciemment leurs desseins, l’envoyèrent en Calédonie. La déportation qu’il subit peut susciter quelques sentiments de commisération, mais elle ne saurait atténuer la gravité de ses fautes qui ressemblèrent à des crimes. Les durs traitements qu’il endura au bagne ne peuvent faire oublier ses actes de déloyauté. Sa responsabilité demeure grande dans la défaite de la Commune et la répression qui en fut la conséquence.

Lullier était né à Mirecourt, dans les Vosges, le 27 avril 1838. Ii fut admis à l’école navale, dont il sortit aspirant de 2e classe, en 1856. Il fit, en cette qualité, plusieurs grands voyages et publia un volume intitulé : « Mission politique et maritime de la France au xixe siècle. » Il était signalé déjà, parmi ses camarades de navigation et les officiers des ports, comme un exalté et un inquiet, bien près d’être un dévoyé. Il envoyait à divers journaux des correspondances et des notes, où il critiquait vivement ses chefs, où il attaquait l’organisation de la marine. Ceci ne saurait lui être imputé à grand crime, car il est certain qu’alors comme de nos jours bien des abus, bien des négligences étaient à signaler dans l’administration navale. Mais son