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PREMIÈRE MANIFESTATION PLACE VENDÔME

Donc les Amis de l’Ordre, à l’appel du bonapartiste Bonne, se rassemblèrent le mardi 21 mars, à une heure et demie, place de l’Opéra. Les manifestants arboraient, comme signe de ralliement, un ruban bleu à la boutonnière. El n’y avait, au début, sur la place, qu’une vingtaine de personnes. Mais ce petit groupe déployait un drapeau tricolore, sur lequel se lisait cette inscription tracée à l’encre : « Réunion des Amis de l’Ordre ». Un employé de la confiserie Siraudin, en uniforme de lignard, le portait. La manifestation, malgré le peu d’adhérents qu’elle comportait, bravant le ridicule, se mit bientôt en marche. Ses organisateurs comptaient rencontrer du monde en route. Ce fut ce qui arriva. Personne dans la bande ne devait avoir d’armes, apparentes du moins. On suivit les boulevards jusqu’à la rue Richelieu, en poussant de grands cris pour ameuter les gens : « Vive l’ordre ! Vive l’Assemblée nationale ! À bas le Comité Central ! Pas de Commune ! » Les manifestants remuaient les bras, agitaient les chapeaux, invitaient par gestes les curieux à se détacher et à les suivre. Les fenêtres s’ouvraient, des gens sortaient des boutiques, se levaient à la terrasse des cafés, pour voir défiler ce cortège composé de gens bien vêtus, où les képis étaient rares et les chapeaux hauts de forme en majorité. La curiosité dominait ; peu de gens descendaient des maisons ou quittaient leurs affaires pour se mêler à la manifestation.

Parvenue place de la Bourse, la bande cependant s’était grossie et comportait alors cinq cents personnes environ. Elle eut le passage barré par un capitaine de la garde nationale à la tête de sa compagnie. On parlementa. Comme