Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/267

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diriger la colonne des Amis de l’Ordre, marchant sur l’état major de la place Vendôme, a blâmé la manifestation, dans l’Enquête :

C’était une fausse et mauvaise démarche, je m’y suis transporté, mais pour protester contre ces démonstrations absurdes. Je ne pouvais pas admettre qu’il y eût une démonstration sans armes. C’était une démonstration ridicule, j’y suis allé pour l’empêcher.

Il était général en chef, il n’avait qu’à commander demi-tour aux manifestants, en leur donnant l’ordre d’aller prendre leurs fusils, de se rassembler avec leurs compagnies et de venir le rejoindre à la mairie du Ile, où devait se former l’armée de la résistance. Il ne l’a point fait et est donc responsable du sang inutilement versé ce jour-là. La conduite de l’amiral Saisset, là comme au Grand-Hôtel, fut assez piteuse.

Bergeret, mis en garde par les désordres de la veille, avait pris des mesures élémentaires de protection pour l’Hôtel de l’état-major, qu’il ne fallait pas laisser attaquer. On ne devait pas non plus laisser se reproduire les insultes dans la rue au Comité Central.

Un des manifestants, Charles Bocher, avait pu, à l’aide d’une ruse, traverser la place accompagné de deux gardes et espionner les dispositions prises. Il avait feint, dans la matinée, d’être appelé chez un ami, demeurant dans une des maisons de la place, et qu’il savait absent. Il a relaté ce qu’il appelait une reconnaissance militaire.

Il me fut ainsi permis de me rendre compte des moyens de défense ; ils étaient fort bien pris. Une compagnie entière sur trois rangs, l’arme au pied, occupait l’entréede la rue de la Paix, elle s’apprêtait à repousser par la force toute manifestation, même pacifique.

(Nouveau Journal d’un officier d’ordonnance. Comte d’Hérisson, p. 104.)