Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/269

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des fusils et n’eussent pas tiré un coup de pistolet isolé. Bergeret était là et fit faire le roulement légal, la sommation aux attroupements. Ce roulement fut assez faible et ne put être entendu de toute la colonne des manifestants, car Bergeret ne disposait que de deux tambours. Un témoin, nommé Guillaumin, habitant Asnières, a dit, dans une lettre publiée par les journaux, qu’il avait entendu battre la charge. Ce témoin a été abusé par le roulement de tambour perçu. C’est la sommation qui est arrivée à ses oreilles. La charge eût été sonnée par les clairons, qui étaient nombreux.

Ce qui est certain, c’est que si les sommations légales, avec commissaire de police et roulement de tambour répété trois fois, ne furent pas exécutées selon le formulaire de cette procédure spéciale de la loi du 6 juin 1848 sur les attroupements, il y eut injonction verbale de la part des officiers de gardes nationaux, sommant la foule de se retirer, suivie de roulements de tambour. Le compte rendu du Siècle dit :

Tout à coup des roulements de tambour se font entendre dans la partie qui est comprise entre la rue Neuve-des-Petits-Champs et la Place Vendôme. Ensuite plusieurs coups de fusils sont tirés en l’air et jettent l’épouvante au sein de la foule.

Le Soir dit :

Arrivée à quelques pas des gardes nationaux, la foule échange avec ceux-ci des paroles de conciliation. Elle est repoussée par ces derniers, qui, une fois au milieu de la rue de la Paix, procèdent tout à coup à un mouvement de recul très précipité. La manifestation fait mine de se rapprocher. À ce moment deux coups de feu tirés en l’air partent des abords de la colonne, ils sont immédiatement suivis par une fusillade très nourrie due aux gardes nationaux plus rapprochés de la manifestation…