Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Rappel donne les mêmes renseignements Sur ces coups de feu tirés en l’air :

Comment ce malheur est-il arrivé ? Naturellement les récits différent. Celui qui paraît le plus vraisemblable est que la manifestation ayant répété les cris injurieux de la veille : « À bas les assassins ! » et ayant voulu forcer les consignes, les tambours firent trois sommations. La manifestation ne s’étant pas retirée, trois coups de fusils furent tirés en l’air. À ce moment un coup de pistolet aurait été tiré par un manifestant, et c’est à ce coup de pistolet que les gardes nationaux auraient répondu par des coups de fusils, tirés cette fois sur la manifestation…

Paris-Journal, dont le rédacteur en chef, Henry de Pène, était au nombre des blessés, dit que l’amiral Saisset pérorait loin du danger, place de l’Opéra, tandis que M. de Pène parlementait avec les insurgés. On l’avait reconnu, signalé : « l’homme au lorgnon », disait-on. Un jeune lieutenant de la garde nationale, ayant le ruban bleu des Amis de l’Ordre, essayait d’entraîner ses voisins :

Avancez donc ! criait-il, dit Paris-Journal, conservateurs, serez-vous toujours les mêmes ? Plusieurs groupes de se mettre en branle. À ce moment un feu de peloton se fait entendre. Il avait été, dit-on, précédé d’une apparence de sommation…

L’Opinion Nationale publie une lettre signée Paul Guéroult, ingénieur (probablement parent du directeur Adolphe Guéroult et du rédacteur en chef Georges Guéroult), où se trouve ce passage significatif :

Nous aperçûmes up groupe de gardes nationaux, qui venait de la place Vendôme.

Quelques sifflets se font entendre et nous marchons vers eux en criant : Vive la République ! et crosse en l’air ! Quelques maladroits zélés en désarment quelques-uns, malgré mes vives protestations. Enfin après les avoir accompagnés dans leur mouvement de retraite, nous arrivons devant le front des bataillons