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avant des Amis de l’Ordre, et de l’effort de quelques-uns d’entre eux pour désarmer les sentinelles placées à l’angle des rues Neuve-Saint-Augustin et des Petits-Champs, où commençait le barrage de la rue de la Paix.

Il n’y a donc pas à disculper les auteurs de cette répression légitime, qui ne fut pas d’ailleurs bien terrible. Beaucoup de gardes nationaux tirèrent en l’air, faisant du bruit pour effrayer leurs assaillants. Le chiffre relativement minime de leurs victimes prouve la modération avec laquelle ils firent usage de leurs armes, bien que provoqués et attaqués. Dans une foule dense de cinq à six cents personnes, resserrées dans la rue de la Paix, dont la largeur n’est pas excessive, le feu d’une compagnie armée de chassepots aurait pu, aurait dû être très meurtrier. Les journaux de la réaction, pour expliquer l’effet relativement bénin de la fusillade, affirmèrent que la plupart des gardes nationaux étaient en état d’ivresse et par conséquent incapables de viser. Voilà une interprétation charitable, et la modération des fédérés est bien récompensée.

Voici les noms des victimes de cette audacieuse, mais bien inutile agression :

Tués : Tiby, colonel en retraite ; Bellanger, patron du café de la porte Saint-Martin ; Bernard, négociant ; Giroud, agent de change ; Savary, lieutenant de vaisseau ; Baude, ingénieur ; Miet, caissier ; Colin, agent d’assurances ; Georges Hann, vicomte de Molinet, Lemaire, Niel, Charron. Tuonel et Wahlin, tapissier.

Parmi les blessés : Henry de Pène, directeur de Paris-Journal ; Gaston Jollivet, rédacteur au Gaulois ; Otto Hottinguer, banquier ; Brière, imprimeur ; Barle, Dehersin, Louis Pinganot, coiffeur ; Portet, lieutenant aux éclaireurs Franchetti.

Les gardes nationaux eurent aussi quelques victimes. Un