Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/275

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d’apparence paisible, de condition aisée, dont le nombre eût fait boule de neige, et se fût grossi de jour en jour, l’opinion eût été impressionnée par cette hostilité croissante de la population, envahissant les divers quartiers. C’eût été comme un plébiscite de la rue, sans convocation officielle, sans affiches et sans bulletins. Le Comité Central, au moment où il préparait la consultation du suffrage universel pour la nomination d’un Conseil communal, eût été devancé. Il n’aurait pu résister à cette protestation, continue et sur la voie publique, contre son existence, contre son exercice. Son pouvoir provisoire eût paru frappé de déchéance. C’était une lutte avec l’opinion où il avait tous les désavantages. Il avait pu laisser passer sans agir, sans le disperser par la force, le cortège du premier jour. Tous les gouvernements peuvent ainsi tolérer un rassemblement ayant une apparence de protestation pacifique, mais ne devant pas se renouveler. Ces démonstrations sans violences peuvent servir de soupape à des mécontentements comprimées. Mais aucun pouvoir ne saurait admettre la permanence de ces attroupements, devenant bien vite délictueux, et accoutumant les esprits à la rébellion. C’eût été préparer et faciliter des explosions violentes, inévitables. Par sa longanimité, qu’on eût qualifiée de faiblesse, il eût encouragé les exaltés à des manifestations perdant tout caractère pacifique.

Le Comité Central avait donc le droit et le devoir de rendre à la rue son calme nécessaire. Il l’a fait avec une modération que le petit nombre des victimes, proportionnellement au nombre des émeutiers, prouve suffisamment. On ne saurait lui imputer à crime, étant insulté et assailli, de s’être défendu. Cette tentative de soulèvement des Amis de l’Ordre ne fut pas renouvelée. Le Comité Central, pas plus que la Commune, n’eurent par la suite à réprimer des