Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’on voyait la jeunesse des écoles se séparer des forces populaires et ne pas faire cause commune avec l’insurrection. Il faut se souvenir, pour expliquer ce mouvement en apparence rétrograde du Quartier Latin, si ardent, presque révolutionnaire, durant les dernières années de l’empire, et qui jusque-là avait gardé ses traditions démocratiques et combatives de 1830 et de 1848, qu’au mois de mars 1871, la Jeunesse des Écoles n’était pour ainsi dire qu’une expression universitaire. Il n’y avait pas encore de cours, donc pas encore d’étudiants réels. Depuis le mois de juillet 1870, le Quartier Latin n’avait que sa population non-scolaire. La guerre avait dispersé ses jeunes-gens et en avait renvoyé la majorité dans leurs familles. Ils y étaient restés. La révolution du Dix-Huit mars les avait surpris dans leurs provinces, à la veille de leur départ. La reprise des cours était annoncée pour la première quinzaine d’avril. La rentrée s’était trouvée ajournée par les faits. Les parents ne s’étaient guère soucié d’envoyer leurs enfants dans une ville en révolution. Les étudiants en médecine, qui ont généralement les opinions les plus avancées, étaient presque tous absents. La jeunesse des écoles réunie à l’amphithéâtre sous la présidence d’un républicain modéré, le professeur Trélat, et avec l’assentiment du doyen à la Faculté, le chimiste Wurtz, savant paisible, libéral bourgeois, se composait donc surtout de professeurs, de fonctionnaires des facultés et des cours, et d’étudiants en droit, dont les parents habitaient Paris : On sait que cette dernière catégorie d’étudiants, même encore de nos jours, bien qu’en majorité républicaine, est cependant réfractaire aux idées sociales et ne fraye pas volontiers avec les éléments plébéiens. Cette aristocratie de la jeunesse des écoles, à diverses époques, s’est groupée en des conférences à tendances, sinon réactionnaires, du moins très bourgeoises, et se récla-