Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/279

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toujours les étudiants, même les plus révolutionnaires, considèrent un peu comme des barbares les plébéiens qui n’ont pas fait des études. La supériorité du savoir, dont se sentaient pourvus ces jeunes gens, les rendait rebelles à toute soumission à un Comité d’inconnus, à la formation duquel ils avaient été étrangers, et dont les membres, en majorité, ne possédaient que la culture primaire. Cet antagonisme, manifesté par la déclaration de l’Amphithéâtre, au 24 mars, ne persista pas complètement, et beaucoup de jeunes gens des écoles, rassurés, encouragés par la présence dans le conseil communal de lettrés, d’hommes instruits, de professeurs et d’écrivains distingués, se rallièrent ensuite à la Commune, et même se firent tuer ou déporter pour elle. Voilà, ramenée à sa juste proportion, l’opposition manifestée à l’insurrection du Dix-Huit mars et au pouvoir qui en était issu, par la jeunesse des écoles, à l’époque où les Amis de l’Ordre tentaient un mouvement dans la rue. Les étudiants ne participèrent d’ailleurs pas en masse à cette émeute avortée.

Un certain nombre des assistants à la réunion de l’Amphithéâtre s’étaient rendus au Grand-Hôtel. Ils se mirent à la disposition de l’amiral Saisset, qui les fit armer et caserner, au 3e étage, ce qui indique la faiblesse de leur effectif.

Ces volontaires des écoles, au rôle insignifiant, au nombre dérisoire, furent congédiés le samedi 25, à cinq heures du soir. Leur passage au quartier général de la résistance bourgeoise ne fut marqué que par la consommation d’une certaine quantité de bouteilles de pale ale et de stout, commandées au limonadier de l’hôtel.

Un capitaine de frégate, nommé Salicis, avait convoqué à l’École Polytechnique, pour former une colonne d’attaque, des étudiants et des gardes du 21e, du 59e et du 119e bataillons. Il existait une batterie, formée sous le siège, dite