Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/283

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allaient être châtiés. La capitale, la dépêche officielle le disait, était au pouvoir du parti de l’ordre, et l’insurrection était refoulée, par les Parisiens eux-mêmes, dans les quartiers excentriques. En apprenant ces nouvelles, les citoyens disposés peut-être à tenter un mouvement dans leur cité, concevaient bien quelque doute, mais jugeaient sage d’attendre les événements, et ne se pressaient pas d’imiter Paris. Les télégrammes trompeurs de M. Thiers produisaient donc tout l’effet qu’il en attendait.

Le Journal Officiel versaillais publiait en même temps un appel aux départements, qui ne dénotait aucunement une disposition à la conciliation :

Des mesures énergiques vont être prises ; que les département les secondent, en se groupant autour de l’autorité qui émane de leurs libres suffrages. Ils ont pour eux le droit, le patriotisme. Is sauveront la France des terribles malheurs qui la menacent et l’accablent.

Déjà, comme nous l’avons dit, la garde nationale de Paris se rassemble pour avoir raison de la surprise qui lui a été faite. L’amiral Saisset, acclamé sur les boulevards, a été nommé pour la commander. Le gouvernement est prêt à la seconder. Grâce à leur accord, les factieux qui ont porté à la République une si grave atteinte, seront forcés de rentrer dans l’ombre. Mais ce ne sera pas sans laisser derrière eux, avec les ruines qu’ils ont faites, avec le sang généreux versé par leurs assassins, la preuve certaine de leur affiliation avec les plus détestables agents de l’empire et les intrigues ennemies. Le jour de la justice est prochain. Il dépend de la fermeté de tous les bons citoyens qu’il soit exemplaire.

Ce factum, qui répétait cet absurde mensonge que les républicains de Paris étaient des instruments de l’Allemagne et des partisans de Napoléon III, se produisait le jour même où des agents bonapartistes avérés, comme le tailleur Bonne, le journaliste Henry de Pène et plusieurs au-