Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/285

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sérieusement attaquée. Il n’y avait pas lieu d’être étonné du choix de ce quartier général de la résistance. Outre sa population particulière de banquiers, d’hommes d’affaires, d’agences, de compagnies et de commerces de luxe, ce quartier avait toujours été le foyer de la réaction bourgeoise, le centre d’action des partis d’opposition. La rue des Filles-Saint-Thomas débouchait sur la place de la Bourse ; c’était là que, sous la Révolution, se formaient les bataillons royalistes qui marchaient contre la Convention. La section fameuse des Filles-Saint-Thomas, devenue section Lepelletier, fournit les insurgés du 13 vendémiaire que balaya le général Bonaparte autour de l’église Saint Roch. La mairie de Saint-Germain-l’Auxerrois était moins avantageuse pour la défense. Placée à l’extrémité du Ier arrondissement comprenant le Palais-Royal et les Halles, elle était à peu près isolée par le quai et la rue de Rivoli, et les communications avec les rues commerçantes de Saint-Honoré, Croix-des-Petits-Champs, Richelieu, avec tout le massif tortueux de la butte des Moulins, pouvaient être facilement interceptées.

Il fallait recruter des hommes en nombre important, pour monter la faction, garder les abords, en cas d’attaque, repousser les assaillants et défendre les deux mairies transformées en citadelles de la place bourgeoise. Les gardes, supposés devoir s’enrôler parmi les Amis de l’Ordre, ne témoignaient pas d’empressement à rallier la mairie de la Bourse. Sans donner leur adhésion au Comité Central, beaucoup ne venaient pas se faire inscrire au Grand-Hôtel, ni aux deux mairies dissidentes.

LE PIÈGE DE LA SOLDE

Trois malins municipaux imaginèrent alors un tour de