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municipaux et les zélés payeurs pussent, avec l’appel des pièces de cent sous, lui recruter des combattants, puisque ce chef était décidé à ne pas les faire combattre. L’amiral était cependant secondé par des hommes énergiques et résolus à agir.

RETRAITE PITEUSE DE L’AMIRAL

Le commandant Barré avait été nommé chef de légion chargé de la défense de ce premier arrondissement. Le colonel Langlois et Schœlcher secondaient l’amiral au IIe arrondissement. L’accord existait complet entre les deux arrondissements. Ils communiquaient et s’entendaient pour arrêter les estafettes signalées, que l’état major de la place Vendôme envoyait à l’Hôtel-de-Ville, et qui devaient passer par la rue de Rivoli. On se préparait à repousser une attaque des bataillons du Comité Central, et peut-être à prendre les devants, à tenter un mouvement sur l’Hôtel-de-Ville ; mais l’amiral Saisset ne paraissait nullement pressé de donner le signal.

Il s’est par la suite excusé de ses hésitations, en disant qu’il avait des armes en quantité insuffisante et disparates : des chassepots, des remingtons, des tabatières et des fusils à piston, avec en moyenne seulement douze cartouches par hommes ; pas de vivres et presque pas d’officiers. Ceux-ci lui écrivaient qu’ils ne voulaient pas obéir au Comité Central, mais ils donnaient leur démission au lieu de rejoindre au Grand-Hôtel. Il voulut un instant se mettre à la tête des bataillons de Passy, qui lui paraissaient plus sûrs, et occuper de nuit avec eux les Champs-Élysées. Les commandants J. de Bouteiller[1] et Lavigne lui firent sa-

  1. Jean de Bouteiller, ancien officier de marine, publiciste, rédacteur au Petit Parisien et au Mot d’Ordre. A été Président du Conseil Municipal de Paris. Mort en 1885.