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voir que leurs bataillons ne voulaient pas quitter leur arrondissement. Ils s’y défendraient énergiquement contre les fédérés, mais ils attendraient qu’on les attaquât chez eux. Il n’y avait plus à songer à ce coup de main qui eût permis la communication avec Versailles.

Le bon amiral cherchait surtout un poste de combat pas trop voisin des endroits qu’il supposait fortement occupés par les fédérés. La gare Saint-Lazare lui parut suffisamment distante des quartiers dangereux. Et puis, on se trouvait là plus rapproché de Versailles, mais il n’était pas très certain de s’y maintenir.

J’avais réussi, a-t-il dit dans l’Enquête, à m’assurer des francs-tireurs des Lilas, qui avaient opéré avec moi dans plusieurs petites affaires sur le chemin de fer de Soissons, vers Bondy et Bobigny. Il en était résulté que nous avions confiance les uns dans les autres, et j’avais cherché à assurer mes derrières par ce moyen. Si j’étais obligé de quitter la gare Saint-Lazare, les hommes des Lilas protégeraient ma retraite sur Colombes…

Les partisans de l’amiral ne paraissaient pas en sûreté, à la mairie du Louvre, ni à la Bourse, ni au Grand-Hôtel, boulevard des Capucines ; tout cela était trop voisin des fédérés. La gare Saint-Lazare semblait préférable, et Saisset songeait même à la grande et lointaine banlieue, Colombes, dans le voisinage d’Argenteuil, comme donjon. Quant aux bataillons des Amis de l’Ordre, ils ne lui inspiraient guère confiance ; il leur préférait des francs-tireurs recrutés à Pantin et aux Quatre-Chemins, localités dont la population n’avait pourtant rien de bourgeois, et dont les corps francs, généralement peu appréciés des bataillons du centre, auraient plutôt dû lui sembler inquiétants. Il demanda 25,000 sacs à terre pour défendre Colombes, que les fédérés, qui déjà n’osaient aller jusqu’à Versailles, ne