Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/290

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quand je me suis décidé, le 22, à rendre compte de la situation à M. Thiers, que si j’avais engagé l’action, nous aurions été complètement écrasés, et l’insurrection victorieuse serait venue jusqu’à Versailles. »

Ainsi, lui aussi, le chef de la résistance parisienne, bien placé pour reconnaître les forces dont disposait le Comité Central, constatait, par l’effroi même qu’il en témoignait, la faute commise par le Comité en ne marchant pas sur Versailles, dès le 19 mars, et même après le 22. « Comme à ce moment, a-t-il ajouté, nous n’étions pas sûrs de l’armée, je ne sais pas si les insurgés n’auraient pas eu le dessus ! »

Enfin, saisissant le prétexte de « la capitulation des maires », il se hâta de se dérober à la tâche, glorieuse peut-être, mais pas aisée, d’assurer le triomphe de l’ordre. Il s’empressa de renvoyer son monde. Voici comment il se justifia aux yeux de ceux qui avaient cru vaincre l’insurrection, en investissant l’amiral du commandement supérieur des gardes nationales de la Seine :

Dès le 25 mars, considérant la situation comme plus que compromise, après avoir réussi à Contenir le mouvement, et avoir donné au chef du pouvoir exécutif quelques heures de plus pour reformer l’armée, je me décidai à donner aux gardes nationaux l’ordre de rentrer chez eux et d’attendre un moment plus favorable pour agir. J’ai prescrit à mes aides de camp de se retirer, et moi-même je suis venu à pied à Versailles.

(Enquéte parlementaire. Déposition de l’amiral Saisset, t. II, p. 308.)

Cette retraite peu héroïque découragea, encore plus que la leçon de la rue de la Paix, les Amis de l’Ordre. Aussi ne bougèrent-ils plus jusqu’à l’heure sinistre où ils purent, sous la garantie du brassard tricolore, se mêler aux troupes victorieuses, dénoncer les vaincus et achever les bles-