Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/295

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Nos approvisionnements, a-t-il dit dans l’Enquête, augmentaient tous les jours ainsi que le nombre des gardes nationaux qui venaient se ranger autour de nous. Ils étaient animés d’un très bon esprit, et étaient décidés à se battre quand le moment viendrait. Nous avions déjà douze mitrailleuses, et il me semble que dans ces conditions, si nous avions pu tenir encore quelques jours, nous aurions pu réussir. Les dispositions de la garde nationale étaient excellentes. Plusieurs des membres de cette assemblée peuvent se rappeler qu’au moment même où l’amiral Saisset fut nommé général en chef de la garde nationale, je proposai à la tribune qu’il passât une revue de la garde nationale aux Champs-Élysées, affirmant qu’il réunirait autour de lui 200,000 gardes nationaux. Je crois qu’on pouvait résister. Je crois qu’il aurait pu le faire, surtout si on avait eu le temps d’organiser les forces nécessaires. Quant à ma conduite, elle a précisément cons à tenter des transactions, en attendant qu’on et en état de résister. J’ai travaillé, pour ma part, à organiser la résistance, sous les ordres de l’amiral, bien entendu, et si j’ai donné ma voix à la transaction qui a eu lieu, c’était pour gagner du temps.

(Enquête parlementaire. Déposition de Schœlcher, t. Il, p. 328.)

Il ne faudrait pas interpréter ces dernières paroles de M. Schœlcher « c’était pour gagner du temps » dans le sens d’un stratagème dilatoire. Il n’était pas dans la combinaison perfide qu’ont révélée ses collègues. L’amiral Saisset, M. Vautrain et d’autres déposants dans l’Enquête ont formellement reconnu qu’en discutant la date des élections, et en organisant une résistance au centre de Paris, on cherchait à gagner du temps, mais c’était pour permettre à M. Thiers de réunir des troupes et de s’apprêter, avec les rapatriés d’Allemagne, à prendre l’offensive. Certes c’était là toute la pensée et toute la politique de M. Thiers. Il ne croyait, pas plus que Saisset à une intervention efficace des gardes nationaux de l’ordre. Pour lui tous les gardes nationaux étaient suspects, depuis l’inutilité du rappel