Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/302

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Comité Central et les maires. Il ajouta que de graves modifications avaient été apportées au texte. Ces changements équivalaient à une annulation. Ainsi tout ce qui était dubitatif était devenu affirmatif. On donnait comme accomplies des choses qui ne l’étaient nullement. L’amiral, en déclarant que ces choses avaient été faites à son insu, ajouta qu’il n’avait pas d’instructions écrites de M. Thiers, mais que celui-ci avait dit que « les maires avaient pleins pouvoirs pour consentir les sacrifices jugés nécessaires à la dernière heure ». Il ne devait, lui, que son assistance militaire. Comme cette objection venait à l’esprit qu’il aurait dû désavouer les termes de cette affiche, puisqu’il savait qu’ils dépassaient la limite des concessions qu’il pouvait faire, et puisque ces termes n’étaient pas l’expression de la vérité, l’amiral répondit qu’on devait comprendre que les maires, dans un but de conciliation, avaient cru devoir pousser les concessions jusqu’à leurs extrêmes limites, pour éviter l’effusion du sang. Mais il ajouta : « qu’il ne pouvait désavouer l’affiche ; c’eût été amener un conflit, et la faire enlever était impossible. Il laissa donc courir ».

Un membre résuma alors d’un mot toute cette fourberie :

— « C’était de la diplomatie qu’on faisait, et voilà tout ! » Bien honnête diplomatie, qui consistait à promettre, au grand jour, ce qu’on désavouait dans la nuit des conciliabules, et loyale parole que celle qui annonçait aux Parisiens qu’on leur accordait tout ce qu’ils demandaient, tout en sachant que rien de ce qui était promis ne serait tenu ! Rarement le mensonge politique fut aussi impudent.

Ainsi, l’amiral Saisset déclarait que tout était concédé, qu’on était d’accord sur tous les points. Et les quatre points principaux du litige : franchises municipales, élection des officiers de la garde nationale, y compris le général en chef, adoucissement à la loi des échéances, loi favorable pour le