Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/31

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rappela son nom, vanta peut-être ses mérites. On l’avait déjà désigné au comité, rue Basfroi, dans la journée. On était embarrassé, pressé de faire un choix, et les candidats possibles manquaient. Lullier était officier ; on connaissait ses opinions avancées ; et il jouissait d’une notoriété indiscutable. On lui avait offert, à la réunion du Waux-Hall, ce commandement qu’il n’avait pas accepté, parce qu’on le subordonnait à Garibaldi, qui, par la suite, refusa également. Des membres du Comité Central l’avaient convoqué rue Basfroi. Il s’y était rendu. On lui fit de nouveau l’offre du commandement. Pour ne pas paraître se jeter goulûment sur cette nomination dont il avait la fringale, il fit la petite bouche, et demanda à connaitre les plans du comité. Un membre lui répondit : « Notre plan, citoyen Lullier, est bien simple. Il consiste à s’emparer de l’Hôtel-de-Ville et à y rester jusqu’à ce que l’assemblée versaillaise ait fait droit aux légitimes revendications du peuple de Paris. » Lullier répondit superbement : « Ces revendications n’ont rien que de très légitime, je suis votre homme ! Demain, à cette heure, je serai maître non seulement de l’Hôtel-de-Ville mais de Paris, ou je serai mort l » Cette rodomontade renouvelée de Ducrot produisit quand même son effet, et à l’Hôtel-de-Ville on réitéra l’offre faite rue Basfroi.

Il parut le meilleur candidat. On ne se préoccupa ni de son état mental ni de sa moralité, et on lui prêta des talents militaires qu’il ne possédait qu’en rêve. Il fut donc nommé. Ce choix fut déplorable. Édouard Moreau, qui l’appuya, pas plus du reste qu’aucun de ses collègues, n’en pouvait prévoir les terribles conséquences. La première et la principale fut la non-occupation du Mont-Valérien, abandonné par Thiers. De toutes les fautes commises par le Comité Central et par la Commune, durant les deux